top of page
  • Photo du rédacteurRichard Lecocq

Happy Birthday The Jacksons Live

Dernière mise à jour : 13 nov. 2021


Pour célébrer les 40ème anniversaire du double album The Jacksons Live, (re) découvrez l’interview que nous avons réalisée avec Bill Schnee, en charge du sublime mix de ce témoignage intemporel de la magie des frères sur scène.


The Jacksons Live: Bill Schnee se souvient

De Miles Davis à Whitney Houston, en passant par Steely dan, Bill Schnee a mixé pour les plus grands. En 1981, il s’associe aux 5 frères Jackson pour immortaliser leur triomphale tournée américaine. En résulte un double album aux allures de testament scénique précoce (le seul album live validé par Jackson de son vivant), et qui voit le jour un an avant la sortie de "Thriller".

Pour ses 40 ans, Live ressort en double vinyle, et, coïncidence ou pas, Bill Schnee publie ses mémoires. Voilà deux bonnes raisons pour causer musique et anecdotes avec celui qui a peaufiné le son de cet album gargantuesque.


Vous publiez ces jours-ci votre livre Chairman at the Board. Pourriez-vous nous en présenter le concept ? Comment est né ce projet ?

J’ai toujours aimé raconter des histoires et j’ai la chance d’avoir eu une longue carrière qui s’étale sur plus de 50 ans, avec des moments formidables. Pas mal de gens me demandaient régulièrement d’écrire un livre, mais cela ne m'intéressait pas car je trouvais que la démarche pouvait paraître trop intéressée. Puis, il y a quelques années, trois personnes différentes, sur une période de quatre semaines, m’ont suggéré à nouveau cette idée, et la troisième a ajouté quelque chose qui a résonné sonné en moi. Elle m’a dit la chose suivante : "l’industrie du disque telle que nous la connaissons est née dans les années 50, a grandi dans les années 60 et a atteint son zénith dans les années 70 et au début des années 80. Ce fut une courte période, une période très emblématique, que nous ne revivrons jamais… et vous y étiez". Le "vous y étiez" m’a frappé, et j’ai alors réalisé que je pouvais raconter des histoires qui n’avaient rien à voir avec moi directement, et dont j’avais entendu parler.


Le Triumph Tour des Jacksons s’est déroulé pendant l’été 1981, et le double album Live est sorti en novembre de la même année. Si j'ai bien suivi, vous avez également ouvert votre studio d'enregistrement en 1981. Est-ce que vous y avez mixé l’album Live ? Si oui, était-ce l'un des premiers projets mis en boîte dans votre studio ?

Mon studio a ouvert ses portes en juillet 1981 au moment où David Foster travaillait sur l'album Chicago 16. Je suis parti peu de temps après pour faire l’album Live des Jacksons. Ce dernier a été mixé au Studio 55 à Hollywood sur une console Neve.


À quel moment vous êtes-vous impliqué dans ce projet? Était-ce une demande du groupe ou avez-vous été recommandé par le label ?

Freddy DeMann, le manager du groupe, m'a appelé et m'a demandé si cela m’intéresserait de réaliser ce projet. Je lui ai immédiatement dit oui et nous nous sommes rencontrés dans un restaurant pour discuter des détails.


Est-ce que cet album est le fruit de plusieurs captations réalisées pendant différents spectacles ?

Le manager et moi avons décidé qu'il serait préférable d'enregistrer une série de spectacles au milieu de la tournée, alors que toute la troupe était au sommet de sa forme. J'ai choisi une série de dates dans le nord-est parce que les villes étaient assez proches. Cela nous permettait de remballer le matériel rapidement après chaque spectacle pour nous rendre et nous installer à temps dans la ville suivante. Je ne sais pas combien de dates il y avait, mais je sais que la liste sur Wikipédia est fausse, car il y avait un spectacle à Nashville - je crois que c’était juste après les dates de New York. J’ai assisté à ce concert à Nashville avec des amis. Quand nous avons commencé à écouter les différents concerts, MJ m'a demandé de couper sa voix. Je lui ai dit qu'il devrait les écouter parce que la plupart étaient excellentes. Mais il m’a dit non… et que sa voix devait être parfaite. J'ai abandonné le projet au moment où les overdubs allaient être enregistrés pour des raisons personnelles, et je suis revenu derrière la console pour réaliser le mix final.


Certaines parties ont donc été réenregistrées en studio (voix, overdubs…) ?

Ils ont fait quelques corrections en post-production. Je crois que certaines guitares, toutes les voix d’arrière-plan et certaines voix de Michael ont été refaites.


Cet album est sorti à l'époque où écouter de la musique consistait à posséder un système Hi-Fi approprié à la maison - et à savourer la musique avec une approche audiophile. Cet album est mixé de manière à ce que le son soit spectaculaire et fasse travailler votre imagination (avec notamment les nombreux effets sonores…). Pendant le mixage, quelle était votre ambition ? Plus qu'un enregistrement d'un spectacle en direct, est-ce que vous et le groupe avez essayé d'en produire une bande originale immersive?

Je voulais seulement faire une excellente représentation de la façon dont ils sonnaient pendant la tournée. Les albums live vivent ou meurent avec la performance de l'artiste lors de leurs spectacles. Il n'y avait en fait aucun effet spécial.


Certains musiciens de cette tournée, comme Bill Wolfer et Jonathan Moffett, nous ont dit à quel point il était difficile de maintenir le groove sur certains titres, car le groupe voulait qu'ils jouent les chansons de façon rapide. Lors du mixage, était-ce difficile de maintenir ce son riche et groovy riches en basses ?

C’est drôle que vous me racontiez cette histoire concernant les musiciens, et cette demande du groupe à jouer les chansons plus vite. J’ignorais ce détail. Mais quand j'ai réécouté l'album 30 ans plus tard, après ne pas l'avoir joué pendant plusieurs années, j'ai été effectivement surpris de la vitesse sur certains titres.


En guise teaser de votre travail avec Michael et ses frères, pouvez-vous partager un moment que nos lecteurs pourront découvrir et lire en entier dans votre livre?

Un de mes chapitres préférés est celui consacré aux Jacksons. Il y a d’ailleurs un clin d’oeil sympa avec le récit de ma rencontre avec Michael dix ans avant le projet Live. Sur la tournée de 1981, la camion d'enregistrement disposait d’une caméra pointée vers la scène pour que je puisse voir qui faisait quoi. Les premiers soirs, j'oubliais littéralement de mixer parce que j'étais totalement hypnotisé en regardant Michael : il dansait comme un fou sur scène tout en chantant de façon parfaite. Absolument incroyable!


L’album Live des Jacksons est le seul publié par les frères (Motown a sorti un album live d’une tournée au Japon, mais ce n’était pas une sortie mondiale). Quelle était leur motivation et leur ambition lorsqu'ils ont commencé à travailler sur ce projet ? Cela ressemble à un fabuleux témoignage de leur sens du spectacle en tant que groupe.

Je pense que tout le monde savait qu'après la sortie d'Off The Wall, Michael allait s’envoler seul et que le groupe ne durerait peut-être pas longtemps. Ironie du sort, quelques années plus tard, ils sont tous venus dans mon studio pour travailler sur leur dernier single en tant que groupe, "State of Shock" (je crois) juste avant de lancer le Victory Tour.


Pour vous, en tant qu'ingénieur du son, quelle est la principale différence entre un album studio et le mixage d’un album live?

La plus grande différence, c’est l'acoustique de la salle où l'artiste se produit. La plupart des salles ne disposent pas de la meilleure acoustique pour enregistrer de la musique convenablement. Chaque salle où la tournée est passée avait une capacité de 20 000 places, et au final cela nous a permis d’avoir un son assez homogène.


Concernant le séquençage : était-ce compliqué d’agencer les chansons, en tenant compte du fait qu'à l'époque, l’album allait être pressé sur un double vinyle ? Par exemple, le medley des Jackson 5 est divisé entre deux, "I’ll Be There" étant le premier morceau de la face 3, avec la fameuse transition vers "Rock With You" ? Est-ce que certaines chansons ont été laissées de côté ?

Ils ont créé la setlist, et le seul problème était la division entre les quatre faces, et c’est pour cela que nous avons dû diviser le medley Jackson 5 ainsi. Je n’ai pas le souvenir de chansons mises de côté.


Pouvez-vous confirmer que lors des sessions d'album Live, Michael est allé enregistrer quelques voix pour Joe King Carrasco sur une de ses chansons ?

Je n’en ai aucune idée.

(Carrasco a raconté comment Michael a réussi à s’échapper du fameux studio 55 pour poser sur le titre "Don’t Let A Woman Make A Fool Out Of You". Lorsque son père Joe apprend la nouvelle, il monnaie la prestation de son fils auprès de Joe "King" Carrasco contre la somme de 135 $, NDLR).


Quand vous pensez à ce projet, quelles sont les souvenirs qui vous viennent à l’esprit ?

La première chose à laquelle je pense, c'est à quel point Michael était talentueux, c’était absolument incroyable. Personne à ma connaissance n'est capable de faire ce qu'il faisait - chanter avec une voix parfaite tout en dansant comme il le faisait sur scène ! La plupart des artistes qui dansent pendant leurs concerts utilisent des voix préenregistrées lancées depuis un ordinateur. L'autre chose à laquelle je pense, c'est que j'ai pu vivre comme une rockstar pendant cette tournés ! Bien sûr, tout les déplacements se faisaient en première classe et j'ai ainsi voyagé avec le groupe - dans le bus! Je me suis habitué à entrer et à sortir des hôtels par les cuisines, car dans chaque ville les fans savaient où les frères séjournaient et ils les restaient là à les attendre.


Dernière question: à l’ère du numérique, écouter de la musique est devenu une expérience différente de ce qu’elle était autrefois, dans les années 80 par exemple. Croyez-vous en la qualité des His Res masters disponibles sur les plateformes de streaming premium ? Ou, dans certains cas, pensez-vous qu'écouter un album à partir d'une source physique correctement maîtrisée est incomparable ?

Les plateformes de streaming Hi Res sonnent un peu mieux que les autres streamers MP3. Mais on ne peut pas les comparer à une source numérique de meilleure qualité (96k ou 192k). J'ai lancé Bravura Records dans le but d'enregistrer en direct jusqu'à 24/192 avec un équipement d'enregistrement propriétaire, et les résultats sont extraordinaires!


Propos recueillis par Richard Lecocq





134 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
Post: Blog2_Post
bottom of page